Mary Wells

Detroit, MOTOWN, Music, portraits, Soul Music
mary_wells_by_gary storck ms


Ahhh Mary, Mary… Tu m’en auras fait voir Mary… Je me rappelle de ces nuits entières que l’on passait à regarder les trains. Ces colosses d’acier rampaient en ombres chinoises devant la Motortown, étouffée dans ses vapeurs industrielles. Je considérai ce décor fantasmatique propice à la séduction.
Dans les derniers recoins de ciel qui échappaient aux fumées, je pointais du doigt les étoiles une à une de manière à dessiner le piano de Fats Domino ou un monstre effrayant pour que tu t’accroches à mon bras. Technique rodée et efficace.
On s’est amusé tout l’été 62. Puis, sans crier gare, un jour tu n’es pas venu ; le lendemain non plus.
A l’automne, va savoir pourquoi, tu chantais two lovers. Pourtant, j’ai dessiné ce moment pour qu’il ne parte pas en fumée, comme tous les autres souvenirs qui surplombent la Motortown.

Diana Ross 2

Detroit, MOTOWN, Music, portraits, Soul Music
Diana Ross, a Woman of the Motown

L’idée de ce tableau m’a été dictée par Diana elle-même, ce fameux soir de juillet 1965. Dans le rade enfumé dans lequel elle officiait à toute heure -serveuse le jour, chanteuse la nuit- et pour quelques dollars, je la vis, adossée à l’un des piliers rouillés et suintant qui soutenaient l’édifice. Sa posture, bien que trahissant son épuisement, n’en demeurait pas moins lascive. Son regard
lessivé se posa sur moi. Je la dessinai. Elle s’en aperçut. Elle me fixa. Puis, se retournant et m’abandonnant à la solitude du coin obscur dans lequel j’étais installé, je l’entendis s’exaspérer : ma voix est d’or, pourtant elle exerce dans des lieux de merde ! Ces paroles, qui inspireront quelques années plus tard Scarface, résonnent encore en moi. Nous ne nous sommes plus recroisés depuis. Je conserve ce dessin comme un puissant souvenir de cette rencontre.